Alain Souchon Talavera
Il est injuste de continuer à croire que la ligue espagnole de football, Liga, est exclusivement l’affaire du FC Barcelone et du Real Madrid. Durant des décennies, ces deux clubs dominent sans partage la scène footballistique en Espagne en raflant tous les titres en lice. Pour des raisons idéologiques, ils se trouvent en même temps au cœur de l’actualité politique à cause de la grande rivalité entre Madrid, siège du gouvernement, et Barcelone, fief du catalanisme. Les deux villes ont construit des identités distinctes au sein desquelles agissent le capital, les médias et le marketing. Pourtant d’autres clubs s’efforcent à glaner de bons résultats à la mesure de leurs modestes budgets. Ceux-ci ne font pas hélas les titres de la presse ni suscitent l’intérêt des correspondants de la presse étrangère. Pourtant, à chaque match de football, ils donnent du fil à retordre aux leaders de la Liga. C’est le cas de l’Atletico de Madrid, 3 ème au classement général de la Liga, et du Malaga Club de Football qui a battu, samedi dernier, le Real Madrid (3-2).
La situation du Real Madrid, champion de la Liga en titre, préoccupe sérieusement supporters et médias dans la mesure où il se situe à 16 points du FC Barcelona et à sept points de l’Atletico. Ce sont des distances infranchissables pour diverses causes. Le club paraît cette saison comme un ensemble essoufflé et usé après avoir remporté deux titres la saison précédente (championnat et super-coupe d’Espagne). Sa tactique de jeu a été bien étudiée par les rivaux du fait que José Mourinho, le coach, opte pour les contre-attaques, les coups de pied arrêtés et le pressing durant les premières minutes du match. C’est le style de jeu que perfectionnent les clubs moyens démunis de joueurs habiles. En face, le Barça est resté fidèle à son jeu (malgré le changement d’entraîneur) qui est basé sur la possession de la balle, les passes courtes et les attaques en accordéon avec la participation de tous les joueurs. L’Atletico de Madrid, dont le budget représente 25% de celui du Real Madrid, applique la stratégie classique (1-4-3-2-1). Il excelle aussi dans la construction de contre-attaques avec pour fer de lance Falcao.
Le FC Barcelona a bouclé 2012 comme champion d’hiver et un record de 49 points sur les 51 possibles. C’est le résultat d’une tactique de jeu apprise par les joueurs dès leur enfance. Ceux-ci ont grandi ensemble et appris à jouer de mémoire depuis leur séjour à la Massia, une sorte de Harvard du football. Par contre, le Real Madrid a dû faire appel à de nouveaux joueurs pour renforcer la défense et le milieu de terrain dans l’espoir de rééditer les exploits de la saison 2011-2012 sans changer de style de jeu. Résultat : le club accepte désormais avec résignation qu’il est impossible de finir la saison actuelle comme champion. Le public est en colère contre Mourinho à cause de son entêtement de maintenir une tactique de jeu peu créative, ses positions polémiques et son comportement prépotent et arrogant à l’égard des autres clubs. D’autant plus, l’idole du club, Ronaldo, manifeste le désir de s’envoler pour d’autres ligues.
La Liga de 2012-2013 change de maître avec un Barça comme solide leader et un Atletico de Madrid déterminé à rééditer les exploits de la saison précédente (Champion de la ligue d’Europe et de la Super Coupe d’Europe) en luttant pour un titre national (Championnat ou coupe du roi).
Malheureusement, la plupart des autres clubs de la Liga sont soumis à de fortes pressions à cause de la crise économique et l’urgence de se maintenir en première division. Ils sont aussi victime de la dictature des médias, leur véritable rival.
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